Fautes lexicales et grammaticales Si vous écorchez un mot en écrivant, par exemple, « aéropage » pour aréopage, « infractus » pour infarctus, « omnibuler » pour obnubiler, vous commettez un barbarisme. À en croire l’étymologie, cela signifie que vous « parlez comme un barbare » en employant des « expressions vicieuses » ! Si vous malmenez la syntaxe, c’est-à-dire la construction d’une expression ou d’une phrase, alors vous produisez un solécisme. « Aller au coiffeur » (on dit : chez le coiffeur), « je vous serais gré » (au lieu de saurais), « pallier à » (la préposition à est de trop) sont des solécismes fréquents. Pour en savoir plus, lisez également notre article sur les fautes d’orthographe et ce qu’il faut savoir pour ne plus en faire. Solécisme conjugal Au XVIIIe siècle, la faute d’orthographe désignait familièrement une « infraction à la fidélité en amour ou en mariage ». Ainsi, dans Les Femmes savantes de Molière (II, 7), Chrysale dit à sa sœur Bélise : « Le moindre solécisme en parlant vous irrite ; / Mais vous en faites, vous, d’étranges en conduite. » Confusions et embrouillements Si vous employez un mot pour un autre, vous faites un lapsus. Selon Freud, le lapsus exprimerait un désir inconscient. Dès lors, que penser des lapsus de nos politiques, souvent situés au-dessous de la ceinture ? Exemples : « durcissez votre sexe » au lieu de texte (Robert-André Vivien, 1975), empreintes « génitales » plutôt que génétiques (Brice Hortefeux, 2010), « fellation » à la place d’inflation (Rachida Dati, 2010), « gode » au lieu de code (toujours Rachida Dati, 2011) ! Un discours confus, obscur, inintelligible se nomme galimatias. Si l’on en croit l’étymologie « populaire », ce mot vient du latin gallus, galli, « coq », et Mathias, Mathiae, nom propre. Il remonte à l’époque où les plaidoiries se faisaient encore en latin. Un jour qu’il s’agissait d’un coq appartenant à une des parties nommée Mathias, l’avocat, à force de répéter les noms de gallus et de Mathias, finit par s’embrouiller, et au lieu de dire gallus Mathiae (le coq de Mathias), il dit galli Mathias (le Mathias du coq) ! Liaisons (très) dangereuses Si vous faites une faute grossière de liaison, c’est un pataquès. Le mot a aussi sa « petite histoire ». Un jeune homme se trouvait dans une loge du Théâtre-Français, à côté de deux dames d’une toilette fort brillante, mais dont la conversation répondait peu à leur parure. Ce jeune homme aperçoit à terre un mouchoir brodé, le ramasse, et s’adressant à l’une de ses voisines : « Madame, lui dit-il, ce mouchoir est sans doute à vous ? – Non, monsieur, répondit-elle, il n’est poin-z-à moi. – Il est donc à vous, madame, dit-il à l’autre. – Non, monsieur, répondit celle-ci, il n’est pa-t-à moi. – Ma foi ! reprend le jeune homme, il n’est pa-t-à l’une, il n’est poin-z-à l’autre, je ne sais vraiment-z-alors pa-t-à qu’est-ce. » Qu’elle soit réelle ou non, cette anecdote a marqué les esprits et permis de distinguer deux fautes de liaison : le cuir et le velours. Le cuir consiste à faire entendre un « t » qui n’a pas lieu d’être. Exemple : « Il va-t-être content ». À ne pas confondre avec le « t » dit « euphonique » qui permet d’éviter la proximité de deux voyelles (hiatus), par exemple dans « y a-t-il ». Le velours apparaît lorsqu’on ajoute un « z » inopportun. Exemples : « moi-z-aussi », « cent-z-euros », « donne-moi-z-en ». Notez que le velours est admis dans l’expression « entre quatre-z-yeux ». La prochaine fois que vous écrirez ou que vous prendrez la parole, que vous lirez ou que vous écouterez une conversation, vous repenserez peut-être aux noms de ces fautes, à leurs origines et à leurs exemples souvent agaçants, parfois révélateurs… Nommer nos mots, c’est déjà les guérir, n’est-ce pas ? Sandrine Campese Lisez également sur notre blog : les fautes d’orthographe les plus courantes ; ces fautes que l’on entend à l’oral. Publié par Sandrine