Sommaire Le sens figuré des noms d’animaux L’ours fait bonne impression L’ours, dans le jargon de la presse, c’est l’encadré où sont mentionnés les noms de toutes les personnes ayant participé à une publication, ainsi que d’autres informations juridiques comme le dépôt légal. Mais pourquoi « ours » ? Aux XVIIIe et XIXe siècles, c’était le surnom donné, en argot, à l’imprimeur, car son mouvement pour encrer les caractères rappelait le balancement lourd de l’animal. Par extension, l’ours a désigné les mentions obligatoires que l’imprimeur était tenu d’inscrire sur chaque publication, à commencer par son nom et son adresse. Le canard, n° 1 sur les cancans Au XVIe siècle, on utilisait l’expression « bailler un canard à moitié » pour dire tromper, duper. Puis le nom canard s’est utilisé seul au sujet d’une « fausse nouvelle lancée par la presse ». Par extension, il a signifié « journal de peu de valeur » et enfin « journal quelconque ». Aujourd’hui, même si le terme a pris une tonalité neutre, il n’est pas très flatteur pour une publication d’être qualifiée de « canard », exception faite du Canard enchaîné qui manie la satire jusque dans son nom. Le dauphin a le sang royal Au XIIe siècle, le comte Guigues IV d’Albon utilisa le prénom latin Delphinus, équivalent de Dauphine ou Delphine, comme surnom (Guigo Delphinus) et le transmit à sa descendance comme patronyme. Les comtes d’Albon prirent alors le titre de « Dauphin du Viennois », et le comté d’Albon devint le « Dauphiné » avec pour armes trois dauphins. En 1349, le dernier seigneur du Dauphiné, Humbert II, criblé de dettes, fut contraint de céder sa province à la Couronne de France, à condition que le fils aîné du roi soit nommé « dauphin ». Ce qui fut le cas à partir de Philippe de Valois. La mouche, éternelle indiscrète C’est à sa qualité de petit insecte volant, pouvant se faire discret et souvent insaisissable, que l’on doit le sens figuré d’espion. Le mot, avec cette idée, a donné son nom à un petit navire de guerre puis à un petit bateau à vapeur bien connu à Paris : le bateau-mouche ! Au XVIe siècle, après ajout d’un suffixe péjoratif, « mouche » devint « mouchard » en argot, pour désigner un délateur et plus particulièrement un espion de police. La poule, plus sportive que le coq Au XVIIe siècle, la poule a d’abord désigné la quantité d’argent (ou de jetons) misée par chacun des joueurs. On suppose que cette métaphore fait allusion au pondoir où plusieurs poules déposent leur œuf. Au billard, « poule » est passé, par métonymie, de l’enjeu à la partie elle-même. Devenu pool en anglais, le terme s’est également appliqué au turf (course hippique). Aujourd’hui, le nom désigne une épreuve où l’ensemble des joueurs individuels ou des équipes affronte successivement chacun des adversaires par un système d’éliminations. Les noms d’animaux ne désignent pas toujours des animaux ! L’albatros : le golf Réussir un albatros est l’objectif secret ou avoué de tout golfeur. Il s’agit d’atteindre un trou en 3 coups en dessous du par. Autrement dit, faire 3 fois mieux que le score de référence ! Autres « oiseaux » à chasser sur le green : le condor (4 coups au-dessous du par), l’eagle (« aigle » : 2 coups au-dessous du par) et le birdie (« petit oiseau » : 1 coup au-dessous du par). La baleine : le prêt-à-porter On trouve des baleines dans les soutiens-gorge, mais pas seulement ! Insérées dans un col de chemise, ces petites tiges métalliques ou en plastique permettent de le rendre droit et d’y nouer une cravate. Bien sûr, il n’y a pas de baleine sur un col Mao ou sur un col boutonné ! Le bœuf : le jazz « Faire un bœuf » consiste, pour des musiciens de jazz qui n’ont pas forcément l’habitude de jouer ensemble, à se regrouper et à improviser des « standards » (des tubes de jazz). Pourquoi « bœuf » ? Parce que, dans les années 1920, ces concerts improvisés se tenaient dans un restaurant parisien appelé Le Bœuf sur le toit. Le canard : le surf En surf, « faire le canard » (duke dive en anglais), c’est plonger sous la vague avec sa planche, quand on est en train de ramer vers le large. Cette technique permet de « passer la barre » sans se faire emporter… Avec une planche longue, il faut « faire la tortue » (agripper sa planche et se retourner). Le cul-de-poule : la cuisine Demi-sphère en inox utilisée pour préparer à peu près tout, particulièrement utile pour monter les blancs en neige. Compte tenu de son instabilité, le cul-de-poule ne peut pas être utilisé comme récipient de stockage. L’hirondelle : le prêt-à-porter Les hirondelles sont de petits triangles de tissu qui relient les pans avant et arrière de la chemise afin de renforcer la jointure. Ils sont généralement blancs et peuvent comporter la griffe du couturier. Les pattes d’ours : la boxe Pour être accepté sur un ring, tout boxeur doit montrer pattes… d’ours ! Ce sont des cibles attachées à des gants en mousse. Le partenaire les enfile pour entraîner le boxeur à la frappe de précision. Le renard (des surfaces): le football Sous-entendu « des surfaces de réparation », la zone située devant les buts. Rusé, cet attaquant laisse toujours traîner un pied pour intercepter les centres de ses coéquipiers et mettre la balle au fond du filet. Un renard des surfaces est donc spécialiste des « buts de raccroc », marqués « à l’arrache ». La tortue : le rugby Regroupement de joueurs qui, liés les uns aux autres, progressent debout en « couvant » le ballon. Une tortue comporte au moins le porteur du ballon, l’un de ses équipiers et un adversaire, qui, lui, tente de faire s’écrouler la tortue. On parle aussi de cocotte ou de maul. PS : testez votre niveau de vocabulaire grâce à notre quiz. Lisez également notre article sur les anciens noms d’animaux. Sandrine Campese Publié par Sandrine