– rien Avant de définir l’absence de quelque chose, « rien » désignait le bien, la possession, la propriété. Le mot est issu du latin rem, accusatif de res, « chose ». C’est au XVIe siècle que le nom se mue en pronom indéfini, souvent accompagné du « ne » de la négation. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », a (plus ou moins) écrit le chimiste Lavoisier en 1789. On trouve des traces de ce sens perdu dans l’expression « un petit rien », c’est-à-dire un petit quelque chose, ou dans l’étymologie de notre République : res publica, la « chose publique ». – personne Équivalent de « rien » pour les êtres humains, « personne » a subi un sort identique. Dérivé du latin persona, « masque de théâtre », le nom commun désigne un individu, et donc un être humain quelconque. C’est à partir de cette acception qu’au XIIIe se forge le pronom indéfini ayant pour valeur « nul, aucune personne ». À noter que, dans un sens comme dans l’autre, « personne » s’est d’abord écrit persone avec un seul « n ». On se gardera bien de le dire aux écoliers ! Enfin, Personne est le nom du personnage joué par Terence Hill dans le western spaghetti de Tonino Valerii intitulé Mon nom est Personne (1973). – on Avec « on », le changement a été moins radical. Ici, pas de passage de la présence à l’absence, mais du concret à l’abstrait. Comme « rien » et « personne », « on » – d’abord orthographié om, puis hom – a d’abord été un nom commun, issu du nominatif latin homo. À l’origine, donc, il désignait l’homme en général. Mais à force de représenter un individu aussi indéterminé, il a fini par se transformer en pronom indéfini. Quant à l’accusatif hominem, il a donné le nom commun « homme » que nous utilisons aujourd’hui. Cette même racine existe dans d’autres langues, comme l’allemand, où man (on) s’est détaché de mann (homme). – mot Formé sur l’onomatopée « mu », le mot est dérivé du latin muttum, lequel, employé négativement, veut dire « ne pas (émettre) un son » et se rattache à mutus « bruit de voix qui n’a pas de signification ». Littéralement, le mot est… muet ! C’est au XIIIe siècle qu’il prend son envol pour devenir un « élément signifiant et désignatif du langage ». On retrouve son sens étymologique dans les expressions « ne dire mot » ou « ne pas piper mot ». Le nom du jeu télévisé Motus est d’ailleurs basé sur cette double signification : le but est de trouver des mots mais on ne peut plus parler, par exemple, si l’on tire une boule noire (cf. « motus et bouche cousue »). – zéro Ce nom est emprunté à l’italien zero, lui-même issu du latin qui le tient de l’arabe sifr, « vide ». Sifr, cifre… ça ne vous rappelle rien ? Chiffre, bien sûr ! « Zéro » a d’abord désigné l’ensemble des chiffres arabes puis, à partir du XIVe siècle, une grandeur nulle, conformément à son origine première. De son côté, « chiffre » est venu occuper la place que zéro avait laissée vacante pour désigner l’ensemble des valeurs du système de numérotation arabe. Étymologiquement, si vous dites qu’untel est un « zéro en chiffres », vous dites deux fois la même chose ! Sandrine Campese Lisez aussi sur le blog : quelques noms originaux en cuisine ; nom ou verbe : cinq homophones à distinguer ; les expressions héritées de Jean de La Fontaine. Publié par Sandrine