Les Noces funèbres : l’oxymore L’oxymore, aussi appelé « oxymoron », réunit des mots de sens opposé, souvent un nom et un adjectif. Le titre français du film d’animation de Tim Burton Les noces funèbres, qui rapproche le nom « noces » (désignant la célébration d’un mariage, en général perçu comme un événement heureux) et l’adjectif « funèbre » (relatif à la mort), constitue un oxymore. Le Cid de Corneille contient l’oxymore suivant : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles ». Va, vis et deviens : la gradation La gradation est une succession de termes qui évoluent progressivement en intensité. C’est bien le cas du titre du film Va, vis et deviens. En 1984, alors qu’une vague de sécheresse touche l’Éthiopie, une mère chrétienne pousse son fils à se faire passer pour juif afin d’être emmené en Israël. Le titre du film est l’ordre intimé par une mère prête à tout pour sauver la vie de son fils : « va » (en Israël), « vis » (avec ton secret), « deviens » quelqu’un (d’autre ?). Les gradations les plus connues nous viennent du théâtre : « Va, cours, vole, et nous venge » (Corneille, Le Cid) et « Je me meurs, je suis mort, je suis enterré » (Molière, L’Avare). La vie est belle : l’antiphrase À première vue, le titre La vie est belle (en italien La vita è bella) ressemble à une antiphrase, puisque le film parle d’une famille déportée dans un camp de concentration allemand. Une vie qui, sur le papier, n’a rien de « beau ». Bien sûr, La vie est belle est aussi une affirmation, une déclaration, un cri du cœur à prendre au sens propre ! Une autre antiphrase similaire constitue le titre du film d’Étienne Chatilliez La vie est un long fleuve tranquille. Moi, moche et méchant : l’allitération Avec trois mots commençant chacun par la lettre « m », le titre Moi, moche et méchant est une allitération, c’est-à-dire la répétition d’une ou plusieurs consonnes dans une suite de mots. À noter que Despicable me, le titre original de Moi, moche et méchant, ne contient pas d’allitération ; la traduction québécoise Détestable moi (quelle belle tournure !) non plus. Pourtant, le nom des minions, ces petits serviteurs jaunes en forme de gélule, commence également par un « m » ! La plus célèbre allitération nous vient du théâtre, « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » s’interroge Oreste dans Andromaque de Racine (acte V, scène 5). Retour vers le futur : le paradoxe Le paradoxe repose généralement sur le rapprochement de mots opposés (antithèse) au sein d’une expression dénuée de sens logique. Retour vers le futur (Back to the Future en anglais) est composé de deux mots – « retour » et « futur » – qui s’associent mal. En effet, « retour » implique une marche arrière, tandis que « futur » va naturellement de l’avant. En toute logique, notre cerveau préférerait lire « retour vers le passé » ou « aller vers le futur » ! Pourtant, ce titre prend tout son sens quand on connaît l’histoire du film. En 1985, un adolescent nommé Marty est propulsé 30 ans en arrière à bord d’une machine à voyager dans le temps. Mais son irruption dans le passé risquant de compromettre jusqu’à sa propre existence, il va tout mettre en œuvre pour « retourner » vers le futur, d’où Retour vers le futur. L’Espion aux pattes de velours : la périphrase La périphrase est une figure de style qui définit un nom par une expression le désignant. En général, elle permet de donner de la force au propos, notamment en attirant l’attention sur un détail significatif. L’Espion aux pattes de velours est une périphrase bien plus éloquente que le titre original That Darn Cat ! (Ce sacré chat !), qui pourrait s’appliquer à n’importe quel minou ayant fait une bêtise. Alors que, dans le film, il est question d’un chat siamois qui aide à élucider une affaire de séquestration. Ça va pas être triste : la litote La litote consiste à dire moins pour suggérer plus. Le verbe est souvent à la forme négative. Comme pour l’antiphrase, c’est le contexte et l’intonation qui permettent de saisir toute l’ironie du propos. Nous utilisons dans nos conversations quotidiennes de nombreuses litotes qui entrent dans la composition de titres de films, comme Ça va pas être triste, avec Daniel Russo et Darry Cowl, qui annonce une situation amusante ou cocasse. La litote la plus connue nous vient du théâtre. Il s’agit de la fameuse réplique de Chimène à Rodrigue dans Le Cid de Corneille : « Va, je ne te hais point » (acte III, scène 4), qui s’entend comme une déclaration d’amour. La colline a des yeux : la personnification La personnification consiste à attribuer des caractéristiques humaines à une chose ou à une abstraction. Le but de la personnification est de rapprocher cet objet ou cette idée abstraite des lecteurs (ici des spectateurs), tout en frappant leur imagination. Dans La colline a des yeux, la colline est clairement dotée d’attributs humains. Bien sûr, dans le film, il ne s’agit pas d’une colline fantastique s’animant comme par magie, mais plutôt d’une colline peuplée d’humains vivant à l’état sauvage (lesquels, dans l’adaptation de 2006 par Alexandre Aja, ont été soumis à de la radioactivité). Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu : le truisme Un truisme, de l’anglais true, « vrai », est une vérité tellement évidente qu’elle ne valait pas la peine d’être énoncée. De ce point de vue, le titre de la comédie de Max Pécas Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu est un truisme. En effet, qui pourrait dire le contraire ? À l’inverse, il serait plus intéressant de se demander s’il vaut mieux « être riche et mal foutu que fauché et bien portant ». Tournée ainsi, la phrase comporte une véritable alternative, entre deux options qui, d’une certaine manière, se valent. L’aventure, c’est l’aventure : la tautologie La tautologie (du grec tauto, « le même », et logos, « discours ») est un raisonnement vide de sens, qui démontre ce qui a été admis au départ. Les tautologies les plus simples sont basées sur la répétition d’un même terme. Ainsi, dans L’aventure, c’est l’aventure, sujet et attribut du sujet sont identiques. Autres tautologies cinématographiques : La loi, c’est la loi avec Fernandel, Une femme est une femme de Jean-Luc Godard, Un chat un chat avec Chiara Mastroianni. Découvrez nos solutions en orthographe et en expression. Lisez également notre article sur les figures de style. Sandrine Campese Publié par Sandrine