Sommaire Blonde « Auprès de ma blonde, Qu’il fait bon, fait bon, fait bon, Auprès de ma blonde, Qu’il fait bon dormir » En 1704, date à laquelle a été composée la chanson, blonde signifiait « petite amie » ou « compagne », sens resté usuel au Québec. Ex. : « Il va se marier avec sa blonde. » Cadet « Cadet Rousselle a trois maisons (bis) Qui n’ont ni poutres, ni chevrons (bis) » Héros (malgré lui) de cette chanson, Guillaume Rousselle est surnommé « Cadet » car son frère aîné, Claude-Antoine, est né deux ans avant lui. La chanson ayant été reprise en 1792 par l’armée du Nord, le terme aurait aussi pu désigner le gentilhomme qui servait comme soldat. Mais Cadet Rousselle était huissier à Auxerre et avait une maison biscornue. Cantinier, ère « Au feu, les pompiers, V’là la maison qui brûle, Au feu, les pompiers, V’là la maison brûlée. C’est pas moi qui l’ai brûlée, C’est la cantinière… » Jusqu’en 14-18, il s’agissait de la personne qui suivait les troupes en campagne (militaire) pour leur vendre boisson et nourriture. Son emploi de « personne qui tient une cantine » est également sorti d’usage. C’est dans ce souci de modernisation que l’on rencontre désormais « cuisinière » et « cuisinier » dans les versions plus récentes. Quant au « v’la », il a été supprimé pour donner « Au feu, les pompiers, la maison qui brûle », ce qui n’est pas très heureux du point de vue syntaxique. Capucine « Dansons la capucine, Y’a plus de pain chez nous. Y’en a chez la voisine, Mais ce n’est pas pour nous. You ! » Si cette comptine se dansait dès 1868 en formant une ronde, la référence à la capucine reste assez obscure. Pour certains, c’est un capuchon qui se prolongeait en forme de pèlerine et qui servait de cache-misère. Or, les personnages de la chanson sont pauvres : ils manquent de pain, de vin et de feu. Pour d’autres, la capucine est formée par les robes des petites filles lorsqu’elles s’accroupissent sur le cri « You ! », à la fin de chaque couplet. Compère « Il était un p’tit homme, Appelé Guilleri, Carabi, Il s’en fut à la chasse, à la chasse aux perdrix, Carabi Titi Carabi Toto Carabo, Compère Guilleri » À l’origine, le compère était le parrain, de la même manière que commère désignait la marraine. Au XVIe siècle, le lien de parenté laisse la place au lien d’amitié : le mot devient synonyme d’« ami, camarade, complice ». À noter que pour rimer avec « Guilleri » ou « Carabi », les verbes au passé simple se terminent en « i » (mouri’, couri’, tombi’, embrassi’), une forme courante jusqu’au XVIIIe siècle. Culotte « Le bon roi Dagobert a mis sa culotte à l’envers » La chanson nous aurait semblé beaucoup moins drôle si on avait su que la culotte était alors (en 1750) « un vêtement d’homme qui couvrait la ceinture jusqu’au bas des jambes ». Quelques années plus tard, rebelote : on apprenait que les sans-culottes ne faisaient pas la Révolution « cul nu », mais vêtus d’un pantalon, alors que la culotte serrée était réservée aux nobles. Guérets « Mon beau sapin, roi des forêts, que j’aime ta verdure. Quand par l’hiver, bois et guérets sont dépouillés de leurs attraits… » Dans le langage poétique, les guérets désignent les champs couverts de moissons qui se retrouvent gelés l’hiver ! Matines « Frère Jacques, Frère Jacques, Dormez-vous ? Dormez-vous ? Sonnez les matines ! Sonnez les matines ! Ding ! Daing ! Dong ! » Avant de devenir une marque d’œufs, les matines sont la première partie de l’office divin (la prière) qui se dit ordinairement la nuit et pour lesquelles un moine sonnait les cloches. Au figuré, la locution signifiait « faire une réprimande à quelqu’un ». Elle a été remplacée par « sonnez les cloches ». Mère « C’est la mère Michel qui a perdu son chat, Qui crie par la fenêtre à qui le lui rendra » Dans le langage populaire de l’époque, la mère Unetelle désignait une femme du peuple un peu âgée avant de devenir un appellatif familier. Par ailleurs, la célèbre marque de pâtes au damier bleu vient bien du père Lustucru (qui lui a répondu), initialement orthographié « l’eusses-tu cru ». Meunier « Meunier, tu dors, ton moulin va trop vite. Meunier, tu dors, ton moulin va trop fort » Le meunier, c’est la personne qui possède ou exploite un moulin. En cuisine, le mot qualifie des préparations impliquant l’usage de la farine comme… la sole meunière ! Plume « Au clair de la lune, mon ami Pierrot, prête-moi ta plume, pour écrire un mot » Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi cet homme veut une plume alors que « sa chandelle est morte et qu’il n’a plus de feu » ? Tout simplement parce que le mot lume qui signifiait « lumière » en ancien français est devenu plume au fil du temps. On comprend mieux pourquoi il est intéressant pour lui de savoir que la voisine « bat le briquet ». D’autant plus intéressant qu’au XVIIIe siècle, l’expression désigne aussi l’acte sexuel. Au clair de la lune, chanson paillarde ? Une hypothèse que confirmeraient les dernières paroles « la porte sur eux se ferma »… Dès lors, ne faut-il pas aussi reconsidérer cette histoire de « chandelle » ? Train « De bon matin j’ai rencontré le train de trois grands Rois qui allaient en voyage » Eh non, il y a plus de 2 000 ans, la SNCF n’existait pas encore. C’est bien à dos de chameau que Melchior, Balthazar et Gaspard vinrent saluer « le divin enfant ». Le mot train désigne ici une file ou une suite de personnes, d’animaux ou de choses allant d’un même mouvement. La Fontaine utilise également le mot train au sens de « allure » dans sa fable Le lièvre et la tortue : « Il (le lièvre) laisse la tortue aller son train de sénateur » (c’est-à-dire lentement). Sandrine Campese Publié par Sandrine