En Espagne et au Portugal, cette plante fut d’abord utilisée comme simple ornement. Jean Nicot, ambassadeur de France à Lisbonne entre 1559 et 1561, découvrit alors les vertus médicinales du tabac. Il décida d’en faire parvenir à Catherine de Médicis, atteinte de migraines dont aucun médecin ne réussissait à la soulager. Le traitement fut un succès, si bien que la reine introduisit le tabac à la cour, qui se mit à le priser. Vendue au départ chez les apothicaires, la plante à tabac était réputée pour soigner les douleurs, l’asthme et les problèmes circulatoires. Molière écrivit à ce sujet : « Le tabac est divin, il n’est rien qui l’égale. C’est dans la médecine un remède nouveau, il purge, réjouit, conforte le cerveau, de toute noire humeur promptement le délivre, et qui rit sans tabac n’est pas digne de vivre. » En hommage à Jean Nicot, cette plante est appelée « herbe à Nicot », parmi ses nombreux noms. C’est seulement au XIXe siècle que le mot « nicotine » fait son apparition. Deux scientifiques, Posselt et Reimann, étudient plus précisément la composition du tabac et isolent son composant principal. Ainsi, en 1828, connaissant l’histoire de Jean Nicot, ils décident de nommer cette substance « nicotine », en hommage à l’ambassadeur de Catherine de Médicis. Jean Nicot est également connu, à titre posthume, pour avoir écrit le Thresor de la langue française, un des premiers dictionnaires, publié six ans après sa mort. Il est certain qu’il n’aurait jamais imaginé que le mot « nicotine » viendrait s’y ajouter deux siècles plus tard. Lisez aussi sur le blog : Louis Rustin et la rustine ; Eugène Poubelle et la poubelle ; Édouard Robert et les roberts. Publié par Aline Laffont