Explorer la langue française
Article

Ces fameuses expressions : « Se faire pigeonner »

Que l’on soit parfois trop crédule ou victime d’une personne malhonnête, personne n’aime être pris pour un pigeon. Mais pourquoi parle-t-on de ce volatile pour dire que l’on se fait avoir ?
Par Aline Laffont

Pour comprendre l’origine de cette expression, il faut d’abord s’intéresser aux plumes. Dès le XIIIe siècle, « se faire plumer » est couramment utilisé et signifie que l’on se fait dépouiller. Il faudra attendre trois siècles pour voir apparaître un dérivé : « se faire duper ». On qualifiait alors de dupe une personne dont on pouvait aisément abuser, pour la voler.

Ce qualificatif vient de la huppe, oiseau très apprécié au XVIe siècle par la haute société et reconnaissable à sa crête imposante. Le fait d’être « dé-huppé », et donc déplumé, symbolisait l’idée d’être dépossédé. Plus commun et bien moins élégant, le pigeon a été employé dans la même analogie pour désigner un sot, capable d’être encore plus facilement trompé.

Une autre explication nous amène du côté des pigeonniers. La quantité de volatiles dans ces édifices était proportionnelle à la surface des terres du propriétaire et, ainsi, à sa richesse. Pour réussir de belles alliances, certains n’hésitaient pas à ajouter de faux boulins, ces trous accueillant les pigeons, afin de passer pour plus fortunés qu’ils ne l’étaient. La mariée et sa famille se faisaient ainsi pigeonner.

Qu’on lui donne quelques miettes ou qu’on s’amuse à le faire s’envoler, le pigeon n’a pas vraiment de chance. C’est à se demander si, finalement, il ne serait pas le dindon de la farce…

Découvrez d’autres expressions :

Publié par Aline Laffont
Vous êtes perdu ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas affichée.
Les champs obligatoires sont marqués d’un « * ».


  • Avatar
    ÉVRARD Catherine
    27 juillet 2016 à 10 h 11 min
    Bonjour, Qui peut me dire comment employer le verbe se faire ... , je ne supporte plus d'entendre dans les journaux télévisés ou de lire dans la presse "elle s'est fait violer", "il s'est fait assassiner", ou dernièrement " il s'est fait égorger", ça me laisse penser qu'il y a eu accord de la personne. Ne dit-on pas elle a été violée, il a été assassinée ou il a été égorgée?
  • Avatar
    Sandrine
    30 juillet 2016 à 21 h 22 min
    Bonsoir Catherine, très violents, ces exemples ! Je vous invite à consulter l'article suivant : http://www.projet-voltaire.fr/blog/regle-orthographe/«-elle-s’est-faite-faire-»-ou-«-elle-s’est-fait-faire-». Bonne soirée.
  • Avatar
    Schneider Marianne
    4 avril 2014 à 06 h 44 min
    Pouvez vous m'expliquer svp pourquoi on utilise le verbe amener dans la phrase : "Une autre explication nous amène du côté des pigeonniers. J'ai bien étudié votre leçon amener/emmener mais dans cette phrase je ne comprends pas. J'aurai écrit emmené. Merci beaucoup
  • Avatar
    Dongues
    25 août 2019 à 00 h 18 min
    et moi j'aurais écrit J'aurAIS (conditionnel) et non j'aurai (futur) comme l'exigent la grammaire élémentaire et le bon sens.

Retrouvez le Projet Voltaire dans votre poche !

"Application utile et instructive.

Sa plus grande qualité c'est son accessibilité à toutes les personnes de tous niveaux en français. Les services proposés allient parfaitement bien le rapport qualité prix. J'apprécie cette application parce qu'obtenir son certificat Voltaire est un bonus essentiel à mettre sur son CV où tout simplement pour avoir le plaisir de parler et d'écrire le français correctement."

Harinavalona R
⭐⭐⭐⭐⭐