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L'origine de ces fameuses expressions : « Prendre la mouche »

Quel peut-être le rapport entre l'insecte volant et le fait de se mettre en colère ? Pour comprendre l’expression « prendre la mouche », il nous faut revenir avant le XVIIe siècle et voir l'usage du mot « mouche ».
Par Aline Laffont
Une mouche est posée sur une fleur.

Autrefois, on utilisait ce terme pour désigner différents insectes volants. La « mouche aux bœufs » qualifiait le taon, on parlait de « mouche à miel » pour l’abeille, de « mouche à chien » pour la tique ou encore de « mouche cornue » pour le scarabée.

On imagine aisément que la mouche qui a inspiré notre expression doit être la « mouche aux bœufs ». En effet, elle provoque une réaction si vive, imprévisible et exagérée sous l’effet de la douleur qu’elle fait penser à un soudain accès de colère.

On trouve d’ailleurs le sens de cette formule dans la quatrième édition du dictionnaire de l’Académie française, en 1762 : « On dit aussi prendre la mouche pour dire se piquer, se fâcher sans sujet. » Et lorsque quelqu’un s’emporte, se met en colère sans que l’on sache pourquoi, on demande « Quelle mouche l’a piqué ? ».

Quand on comprend que la « mouche » recouvre tant de notions différentes, il est intéressant de voir l’usage qui en a été fait à travers le temps. Par exemple, au XVe siècle, dire de quelqu’un qu’il était « fine mouche » signifiait que cette personne était astucieuse, avec l’esprit vif.

Le mot dériva même pour désigner un espion. Au XVIIIe siècle le mot fut aussi attribué à un petit navire de guerre rapide et maniable, le « bateau-mouche ». Au stand de tir, faire mouche signifie atteindre sa cible. Citons encore la mouche du coche, utilisée par Jean de La Fontaine pour désigner une personne persuadée de son importance, s’imposant et gênant l’effort d’autrui.

Voilà un petit insecte inoffensif qui inspira bien des références et expressions françaises. Mais enfin, quelle mouche nous a donc piqués ?

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Publié par Aline Laffont
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    Parbeau Alain
    9 juin 2020 à 11 h 16 min
    Bonjour, nous pouvons aussi remonter au mousquet (ancêtre du fusil) inventé au XVIe siècle, et dont le nom dérive de l'Italien "Moschetto" dérivé lui même de "Musca" en latin, c'est à dire la mouche. Le mousquet est le lanceur de mouche (balle), et "prendre la mouche" = recevoir la mouche, ce qui vous tue ou vous blesse, ce qui n'est guère plaisant donc vous met en colère, vous vexe….. "Faire mouche" au tir, c'est mettre la mouche (balle) au centre de la cible.
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    Chambaron
    13 août 2015 à 12 h 08 min
    En effet, cela fait de la mouche un des animaux les plus répandus de nos expressions ! Au-delà de votre belle liste, on peut encore citer "attraper des mouches avec du vinaigre". Mais d'où tenez-vous l'existence de "bateau-mouche" au XVIIIe siècle ? Je n'ai pu trouver d'attestation avant l'exposition universelle de Paris en 1867, date à laquelle furent lancées ces désormais célèbres embarcations construites alors au sud de Lyon, dans le quartier de la Mouche...
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    Sandrine
    17 août 2015 à 14 h 42 min
    En effet, Chambaron, c'est en 1814 que le mot a été attesté pour la première fois au sens de "petit navire de guerre" puis en 1867 pour "petit bateau à vapeur". En revanche, la piste d'un nom propre, Jean-Sébastien Mouche, est pure fantaisie. Bonne journée !

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