Autrefois, on utilisait ce terme pour désigner différents insectes volants. La « mouche aux bœufs » qualifiait le taon, on parlait de « mouche à miel » pour l’abeille, de « mouche à chien » pour la tique ou encore de « mouche cornue » pour le scarabée. On imagine aisément que la mouche qui a inspiré notre expression doit être la « mouche aux bœufs ». En effet, elle provoque une réaction si vive, imprévisible et exagérée sous l’effet de la douleur qu’elle fait penser à un soudain accès de colère. On trouve d’ailleurs le sens de cette formule dans la quatrième édition du dictionnaire de l’Académie française, en 1762 : « On dit aussi prendre la mouche pour dire se piquer, se fâcher sans sujet. » Et lorsque quelqu’un s’emporte, se met en colère sans que l’on sache pourquoi, on demande « Quelle mouche l’a piqué ? ». Quand on comprend que la « mouche » recouvre tant de notions différentes, il est intéressant de voir l’usage qui en a été fait à travers le temps. Par exemple, au XVe siècle, dire de quelqu’un qu’il était « fine mouche » signifiait que cette personne était astucieuse, avec l’esprit vif. Le mot dériva même pour désigner un espion. Au XVIIIe siècle le mot fut aussi attribué à un petit navire de guerre rapide et maniable, le « bateau-mouche ». Au stand de tir, faire mouche signifie atteindre sa cible. Citons encore la mouche du coche, utilisée par Jean de La Fontaine pour désigner une personne persuadée de son importance, s’imposant et gênant l’effort d’autrui. Voilà un petit insecte inoffensif qui inspira bien des références et expressions françaises. Mais enfin, quelle mouche nous a donc piqués ? Découvrez d’autres expressions : se dorer la pilule ; travailler de concert ; ne pas prendre des vessies pour des lanternes. Publié par Aline Laffont