Il faut préciser que le sens de cette expression a évolué au cours des siècles, de même que sa forme. Elle est apparue pour la première fois au XIIIe siècle, sous la forme « mettre la puce en l’oreille ». À cette époque, les parasites provoquaient d’importantes démangeaisons et n’épargnaient aucune classe sociale. On peut supposer que le sens de l’expression se réfère à l’attitude inquiétante de celui qui se gratte en public. Mais si on comprend aisément le rôle de la puce, pourquoi la référence à l’oreille ? Rappelons que celle-ci était déjà citée pour évoquer une personne dont on parle à son insu. On disait alors « avoir les oreilles qui sifflent » ou « qui démangent ». C’est par cette association d’idées que serait apparue l’expression, pour décrire le fait d’éveiller le doute chez quelqu’un. C’est au XVIIe siècle que sa forme change, pour devenir celle que l’on utilise encore aujourd’hui : « la puce à l’oreille », le « à » ayant remplacé le « en ». Son sens évolue, pour signifier quelqu’un qui semble inquiet, agité. Mais il existe un autre sens à cette expression, qui a perduré dans le temps, comme une façon alternative d’envisager « la puce à l’oreille ». Il s’agit d’une interprétation plus sensuelle, liée au désir que l’on pouvait ressentir pour une personne. L’oreille étant là un symbole de sexualité féminine. Ainsi les écrivains aimaient utiliser cette expression dans leurs œuvres, comme Jean de la Fontaine dans ses Contes : « Fille qui pense à son amant absent, toute la nuit, dit-on, a la puce à l’oreille. » Ce fut également le nom d’une pièce de théâtre de Georges Feydeau, mettant en scène des quiproquos autour de l’adultère. De quoi réunir les différents sens de cette expression, en une pièce ! Découvrez d’autres expressions : ne pas faire de quartier ; noyer le poisson ; monter sur ses grands chevaux. Publié par Aline Laffont