Dans la locution « les carottes sont cuites », quel est donc le rapport entre ce légume et l’espoir perdu ? Au XVIIe siècle, la carotte était un légume bon marché, souvent présenté comme un aliment du pauvre. Idéalement, on faisait cuire les carottes avec la viande, mais on les mangeait seules en temps de disette. On ne parlait pas alors de « vivre d’amour et d’eau fraîche » mais plutôt de ne « vivre que de carottes », ce qui signifiait « vivre avec très peu de moyens ». Par la ressemblance phonétique et par la forme, on associait aussi la carotte à la « crotte ». Ainsi, les esprits bien tournés imaginèrent une expression pour désigner la constipation : « chier des carottes ». On comprend donc que la carotte était entourée d’un imaginaire assez péjoratif. Vers le XIXe siècle, une autre expression a fait référence au légume. Pour parler d’une personne mourante, on disait : « avoir ses carottes cuites ». La carotte en l’état ne signifie donc pas la fin, mais c’est sa cuisson qui contribue à donner toute sa portée à l’expression. Celle-ci est restée dans la mémoire collective puisqu’elle fut reprise durant la Seconde Guerre mondiale comme code utilisé à la radio depuis Londres. « Les carottes sont cuites, je répète, les carottes sont cuites » était le signal pour déclencher des opérations dans les territoires occupés. Cependant, carottes cuites ou non, tout espoir n’est jamais perdu, parce qu’après la pluie vient toujours le beau temps. Découvrez d’autres expressions : mener une vie de patachon ; une lune de miel ; ménager la chèvre et le chou. Publié par Aline Laffont