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L’origine de ces fameuses expressions : « Joindre les deux bouts »

L’expression « Joindre les deux bouts » est connue de tous, même si elle est plus fréquemment utilisée au sens négatif : « Ne pas réussir à joindre les deux bouts. »
Par Aline Laffont

On l’utilise pour faire référence à la gestion de notre budget ; dire qu’on ne réussit pas à joindre les deux bouts signifie que les revenus d’un mois ne suffisent pas à couvrir nos besoins jusqu’aux revenus du mois suivant.

Cette expression trouverait son origine, assez inattendue, dans un phénomène de mode et de société du XVIe siècle : la collerette.

Vers 1530, les décolletés féminins cèdent la place aux cols montants, bordés de petits plis de dentelle. La mode masculine emboîte le pas, et petit à petit les cols des hommes s’ornent également de ces tours de cou plissés. C’est en 1560 que la collerette fait véritablement son entrée, devenant un accessoire détaché de la chemise et des robes. La forme de fruit qu’elle a à l’origine lui donnera son surnom : la « fraise ».

Réservée à la noblesse et à la bourgeoisie, la fraise devient rapidement un signe de réussite, destiné à mettre en avant le rang ou la richesse de celui qui la porte. De fait, la taille de la collerette augmente avec la démesure de l’époque. Une première conséquence de cette inflation sera l’adoption de la fourchette à table. Introduite dans les coutumes françaises grâce à Catherine de Médicis et Henri III, elle est adoptée pour une raison d’ordre pratique : elle permet de manger en évitant de tacher ces impressionnants cols de dentelle.

La seconde conséquence sera l’apparition de notre expression. Certains nobles à la faible fortune, en effet, voulant paraître plus riches qu’ils ne le sont, suivent la tendance en portant des fraises de plus en plus larges. Cependant, la taille des serviettes de table, parfois portées autour du cou lors des festins, ne suit pas proportionnellement cette démesure, pour des raisons de budget. Comme les nobles n’entendent pas ôter leur fraise durant les repas, la serviette s’avère trop petite, et ils ont alors du mal à joindre les deux bouts autour du cou ! Finalement, la folie des grandeurs a aussi ses limites…

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Publié par Aline Laffont
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    Chevallier
    21 août 2016 à 16 h 15 min
    André Castelot dans son "François Ier reprend l'anecdote p. 101.
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    mdr76
    26 juillet 2016 à 03 h 40 min
    la venu de la fourchette et bien sur de la serviette celle si noué autour du cou pour proteger la fraise. Mais cela n’était pas évident de joindre les deux bout pour attacher la serviette mais si je me rappel c'etait a l'epoque de la reine Margot
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    Sandrine
    26 juillet 2016 à 21 h 46 min
    Merci pour ces précisions, en revanche votre clavier semble fâché avec les accents, et plus généralement avec l'orthographe ;-).
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    Linda
    9 juillet 2016 à 22 h 07 min
    Mouais... je suis sceptique : pourrait-on avoir les sources de cette histoire ?
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    Sandrine
    11 juillet 2016 à 15 h 35 min
    Bonjour Linda, n'étant pas l'auteur de cet article, je n'en connais pas la source. Qu'est-ce qui vous laisse sceptique exactement ? Bon après-midi.

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