Pour comprendre cette expression, il est utile d’expliquer l’origine du terme qui lui est associé. En effet, « for » vient du mot latin forum, qui, durant l’Antiquité, désignait la place où se tenaient les assemblées du peuple et où se discutaient les affaires publiques. Ce lieu accueillait des marchands, des galeries d’art, des vendeurs d’esclaves, des passants… Il était le lieu de vie sociale hors de la maison. Selon l’étymologie, forum dériverait ainsi de foris, qui signifie « dehors ». N’est-il pas étrange que le for intérieur ait pour origine un mot qui se réfère à l’extérieur ? La locution « for intérieur » est apparue au XVIIe siècle et désignait la juridiction ecclésiastique, l’autorité exercée par l’Église sur la conscience d’une personne, par le biais de la confession. C’est à partir du XVIIIe siècle que l’on commença à distinguer le for intérieur du for extérieur – ce dernier représentant la juridiction civile, les institutions, les juges. Mais au fil des siècles l’Église et le jugement devinrent moins présents, perdant de l’emprise sur la société et laissant plus de place à la conscience individuelle. C’est pourquoi, aujourd’hui, l’expression « en son for intérieur » est utilisée pour faire référence à la conscience individuelle, au « secret de la pensée ». Finalement, le « for » de la pensée pourrait aussi être le « fort » de la pensée, la forteresse dans laquelle nous conservons nos pensées les plus intimes et nos idées sur le monde. Découvrez d’autres expressions : épater la galerie ; été indien, arrière-saison ; être au bout du rouleau. Publié par Aline Laffont