Et pourtant non, même si « bâiller » semble bien correspondre au sens de cette expression, nous parlons ici de « bayer », qui signifie s’étonner, être bouche bée. D’ailleurs, concrètement, pourquoi parle-t-on de bayer aux corneilles ? Nous avons compris le sens de « bayer », mais quel rapport avec les corneilles ? En premier lieu, entendons-nous bien sur les corneilles dont il est question : s’agit-il des oiseaux ou des fruits du cornouiller ? Pour nous orienter, rappelons l’expression telle qu’elle fut utilisée au XVIIe siècle : à l’époque, on disait « bayer aux grues ». On peut donc y voir une référence aux oiseaux. Au XVIe siècle, le terme « corneille » s’est étendu, désignant un objet insignifiant, sans importance. « Voler pour corneille » exprimait le fait de chasser un gibier sans valeur. Cet usage du mot « corneille » renforce l’image de futilité que nous associons aujourd’hui à « bayer aux corneilles ». Selon le sens des différents termes qui constituent cette expression, nous pourrions ainsi la traduire par « rester la bouche ouverte devant une chose sans intérêt ». Honoré de Balzac y fait référence au XIXe siècle, dans son œuvre Modeste Mignon, comme à une banalité ponctuant la journée d’une illustre personne : « La plupart des gens de province ne se rendent évidemment pas un compte exact des procédés que les gens illustres emploient pour mettre leur cravate, marcher sur le boulevard, bayer aux corneilles ou manger une côtelette. » Quant à Corneille, quelle expression aurait-il employée ? Découvrez nos solutions en orthographe et en expression. Découvrez d’autres expressions : décrocher la lune ; derrière les fagots ; des comptes d’apothicaire. Publié par Aline Laffont