Acception et acceptation Avant, « acception » signifiait « acceptation ». Mais ça, c’était avant ! Désormais, l’acception est le sens particulier d’un mot, admis et reconnu par l’usage. Un mot peut avoir une ou plusieurs acceptions (dans ce cas, il est « polysémique »). L’expression « dans toute l’acception du mot » permet de renforcer un propos. Exemple : « Il était méchant, dans toute l’acception du mot (= vraiment, réellement méchant). » L’acceptation est, tout simplement, le fait d’accepter. On peut donner son acceptation, autrement dit son accord, son consentement. Accès ou excès Réagit-on par accès ou par excès de colère ? L’accès est la manifestation, souvent violente et de courte durée, d’un état physique (accès de fièvre, accès de toux) ou émotionnel : accès de rire, accès de fureur, accès de mélancolie et, bien sûr, accès de colère ! L’excès, c’est ce qui dépasse la mesure ordinaire ou permise. Il s’emploie souvent seul, « faire un excès, des excès » ou dans les expressions « excès de conduite, de langage, de pouvoir », qui supposent une norme, une limite. On retient : accès = attaque ; excès = écart. Collision et collusion Parce qu’ils n’ont qu’une voyelle de différence, les mots collision et collusion sont souvent confondus. Pour être plus précis, il arrive que collision soit employé à la place de collusion. Or les deux noms sont parfaitement distincts. Collision est issu du latin collisio, « heurt », et désigne un choc entre deux corps en mouvement. Collusion vient quant à lui de collusio, « entente frauduleuse, secrète ». Dans le langage juridique, c’est une entente secrète entre deux ou plusieurs personnes pour nuire à un tiers, ce qui est puni par la loi. Dans le langage courant, une collusion désigne tout accord secret visant à tromper quelqu’un. Émulsion et émulation En cuisine, l’émulsion est le mélange de deux produits qui normalement ne se mélangent pas, comme l’huile et l’eau. Or, si dans votre entreprise, il y a une concurrence positive, une compétition saine, qui invite chacun à se dépasser, à donner le meilleur de lui-même, il ne s’agit pas d’une émulsion, mais bien d’une émulation ! D’ailleurs, les deux mots n’ont pas du tout la même origine : émulsion a comme ancêtre le verbe latin emulgere, « traire » ; et émulation, le verbe latin æmulari, « rivaliser » ! On retient : émulation = rivalité. Gourmand et gourmet On ne connaît pas précisément l’étymologie du nom gourmand, qui fait peut-être référence à la gorge. Ce que l’on sait, c’est que le mot a toujours désigné « celui qui mange avec avidité ». À l’origine, le gourmet était un valet chargé de conduire les vins puis, par extension, un amateur de bons vins. Le nom, qui s’écrivait alors groumet, est devenu « gourmet » par métathèse (ici, permutation de la lettre « r »). C’est au XVIIIe siècle, sous l’influence de « gourmand », que le nom est sorti du domaine œnologique pour s’employer à propos d’une personne appréciant la bonne chère. Notez que l’anglais groom provient de la même racine. Découvrez nos solutions en orthographe et en expression. Lire les autres articles de la série : Cymbales, timbales et autres paronymes que l’on confond tout le temps (1/5) ; Affluence, influence et autres paronymes que l’on confond tout le temps (2/5) ; Accident, incident et autres paronymes que l’on confond tout le temps (3/5) ; Consommer, consumer et autres paronymes que l’on confond tout le temps (4/5). Sandrine Campese Publié par Sandrine