pouls D’abord écrit pous, « pouls » a gagné un « l » au XVIe siècle, en référence à sa racine latine pulsus. Le terme, employé en médecine, désigne le battement des artères et par extension l’endroit où l’on « tâte le pouls ». Au figuré, « prendre le pouls » revient à évaluer une situation. En France, depuis 1938, des sondages et des baromètres prennent régulièrement le pouls de l’opinion. corps En ancien français, « corps » s’écrivait cors. La preuve, cette graphie a donné naissance aux noms « corset » et « corsage », deux vêtements qui recouvrent une partie du corps. Vexé d’avoir été oublié, le « p » du latin corpus est venu s’ajouter au « s ». Ces consonnes étymologiques permettent de distinguer le corps du « cor au pied » ou du « cor de chasse » (que l’on retrouve dans l’expression « à cor et à cri »). poing « Poing » tire son « g » du nom latin pugnus, « main fermée », qui a donné « pugnacité ». « Poing » a comme homophone « point », qui doit également son « t » au latin punctum, « piqûre ». On distinguera donc les expressions « au poing » (à la main) et « au point » (prêt). champ Il ne vous a pas échappé que « champ » a conservé le « p » étymologique mais pas le « s » issus du latin campus. C’est la même chose pour « camp ». La raison ? Sans doute pour permettre la formation des dérivés « campagne » et « champagne », qui sont des doublets (mots ayant la même étymologie mais auxquels l’usage a donné des acceptions différentes). puits « Puits » s’est d’abord écrit puis. C’est au XVIe siècle qu’on lui a ajouté un « t » en référence à sa racine latine puteus, « trou, fosse ». Pourquoi ? Pour éviter l’homographie (même écriture) avec l’adverbe de temps « puis ». temps Les formes « tens » et « tems » étaient courantes au Moyen Âge. Ainsi, dans l’édition originale de La Deffence et Illustration de la Langue Francoyse (1549), le poète Joachim du Bellay écrit « tens ». Ces graphies ont d’ailleurs perduré jusqu’aux XVIIe-XVIIIe siècles, avant que l’on ressuscite l’orthographe étymologique issue de tempus. poids Avec « poids », nous sommes en présence d’une relatinisation ratée ! Certains ont cru que « poids » était issu du latin pondus et ont ajouté un « d » au nom qui s’écrivait alors pois. Mais il n’en est rien : « poids » vient du latin pensum. Par conséquent, « poids » devrait s’écrire « pois », conformément à son étymologie réelle et à son dérivé « peser ». Le problème, si « poids » redevenait « pois », c’est qu’on le confondrait avec le légume de forme ronde qui peut être petit, chiche, gourmand ou cassé ! En conclusion, les consonnes finales muettes ont pour but de conserver le souvenir d’une racine latine et, de manière plus pragmatique, de distinguer des homonymes (exemples : poids et pois, puits et puis, corps et cor…). Elles sont la preuve, s’il était encore possible d’en douter, que l’orthographe française n’est pas phonétique mais bien étymologique ! choix D’origine picarde, le nom choix s’est d’abord écrit quois, cois puis chois ! Son sens a également évolué. En ancien français, choisir, d’origine germanique, signifiait « distinguer par la vue ». C’est au XIVe siècle qu’il gagne le sens d’élire, c’est-à-dire « prendre de préférence ». Résultat : choisir a fini par remplacer élire, ce dernier étant désormais réservé à la politique (élire un candidat) ou à la poésie (l’élu de mon cœur). marc Le marc est dérivé de « marcher », pris au sens de « fouler, piétiner, écraser ». Le mot désigne le résidu de fruit, d’herbe ou de toute autre substance qu’on a pressurée ou infusée pour en retirer le suc. C’est au XVIIIe siècle que l’expression « marc de café » est apparue dans le vocabulaire des arts divinatoires. Certains voyants interprètent les images qui se forment au fond de la tasse, une fois le résidu séché. N.B. Le « c » de « marc » est muet, ce qui le distingue du prénom Marc, bien que ce dernier se prononce [mar] dans « Saint-Marc », s’agissant de la place vénitienne et de la marque de lessive. riz En ancien français, riz s’écrivait ris, en référence à son origine italienne riso (qui a donné risotto). C’est l’explorateur italien Marco Polo qui, au XIIIe siècle, attesta le nom de cette plante dont on consomme les graines. Mais d’où vient ce « z » ? Riso étant issu du latin oryza, ris est devenu « riz » par relatinisation. De cette manière, on le distingue du « ris », glande située à l’entrée de la poitrine du veau ou de l’agneau, très appréciée des gourmets. secours N’est-on pas tenté d’omettre le dernier « s » à secours sous prétexte qu’il ne se prononce pas et qu’il est absent du verbe « secourir » ? Si, par le passé, le nom s’est écrit socors et secors, le « s » a toujours été là ! Il vient de la racine latine seccursum qui a donné « succursale », établissement subordonné à un autre (généralement le siège central) afin de le seconder. Voici un moyen mnémotechnique pour retenir le « s » final de secours : « Je cours à ton secours ! ». velours D’où vient le « s » de velours ? Du latin villosus qui signifie « velu ». En effet, le velours est formé de poils très serrés et dressés. La racine latine est presque intacte dans l’espagnol velloso et dans l’italien villoso. En français, le nom s’est d’abord écrit velos, velous et veloux : il n’est devenu « velours » que par l’ajout d’un « r » final, sans doute pour éloigner ce tissu, réputé par sa douceur, de son ancêtre « velu ». Sandrine Campese Découvrez aussi sur notre blog : Les mots qui signifient une chose… et son contraire. La différence entre cyclope et cyclone. Volubile, bavard, prolixe… Publié par Sandrine