Collision et collusion n’ont pas la même étymologie Collision est issu du latin collisio, « choc, heurt », lui-même formé sur collidere. On reconnaît dans ce verbe le préfixe cum- (sous la forme col-), « avec », et laedere, « frapper, blesser », qui a donné le français « léser ». Ainsi, étymologiquement, une « collision » revient à « frapper ensemble » ou « entrechoquer ». Collusion vient de collusio qui signifie « entente secrète ». Le nom dérive du verbe colludere, composé du même préfixe cum- (toujours sous la forme col-), « avec », et ludere, « jouer », qui a notamment donné l’adjectif « ludique ». Littéralement, donc, faire une collusion revient à « jouer ensemble ». Mais nous sommes loin de l’innocence des cours de récréation : l’entente, qu’elle soit amicale ou non, n’en reste pas moins frauduleuse ! Collision et collusion n’ont pas le même sens Le sens de collision est simple : il s’agit d’un choc entre deux corps dont l’un, au moins, est en mouvement. Si, par exemple, un pot de fleurs a manqué de s’écraser sur votre tête alors que vous marchiez tranquillement sur le trottoir, c’est que vous avez évité de justesse une collision ! Outre son sens commun, « collision » est d’usage dans le vocabulaire technique : – de la musique, s’agissant d’une collision de deux sons ;– de la linguistique, lors d’une homonymie accidentelle entre deux mots (ou « collision homonymique ») ;– de la physique nucléaire où il désigne un « choc entre particules ». Le nom collusion a d’abord une origine juridique. C’est une « entente secrète entre deux ou plusieurs personnes pour nuire à un tiers ». Passé dans le langage courant, il désigne « tout accord secret visant à tromper quelqu’un ». Notons l’existence de l’adjectif « collusoire » : « qui se fait par collusion ». À ne pas confondre avec le collutoire qui s’utilise en spray contre le mal de gorge ! Collision ou collusion : les termes du conflit Mais alors, faut-il parler de collision ou de collusion d’intérêts ? Les deux ! Tout dépend du sens de votre propos. La collision d’intérêts se caractérise par une « opposition profonde entre des intérêts, des idées » (Larousse) ; tandis que la collusion d’intérêts se décline, d’après le Code pénal, en corruption, trafic d’influence, ou prise illégale d’intérêts. C’est à ce sens que Balzac se réfère lorsqu’il écrit : « Et moi aussi ! s’écria Zélie qui cependant soupçonnait déjà le notaire d’une collusion d’intérêts avec le greffier » (Les Illusions perdues, 1843). À lire dans la série « À une lettre près » : mugir et rugir, cyclope et cyclone. Sandrine Campese Découvrez aussi sur notre blog : Les consonnes finales muettes. Les mots qui signifient une chose… et son contraire. La différence entre cyclope et cyclone. Publié par Sandrine