1- En général, vous plébiscitez la graphie la plus difficile… L’attachement de notre communauté aux chausse-trapes (ou chausse-trappes !) de la langue de Voltaire est une nouvelle fois manifeste. Ainsi, le choix entre « lys » et « lis » s’est transformé en un véritable plébiscite pour la voyelle « y » ! En recueillant 99 % des votes, lys a battu tous les records. Le pauvre lis fait bien pâle figure à côté… Les mots contenant des lettres muettes sont largement préférés aux formes plus simples. C’est le cas, par exemple, du verbe hululer, lequel, avec son « h », s’impose avec 77 % des suffrages, contre seulement 23 % pour ululer. Dans le même ordre d’idées, bistrot (73 %) gagne contre bistro (27 %), et clef contre clé, mais avec une plus courte avance : 53 % contre 47 %. Enfin, vous êtes 94 % à ne pas vouloir écrire porte-monnaie en un seul mot, alors que c’est le cas de portefeuille ! 2- … même si elle n’est pas conforme à l’origine ou à la prononciation Dans cette catégorie entrent les très controversés « nénuphar / nénufar » et « oignon / ognon », variantes emblématiques nées des rectifications orthographiques de 1990. Sans surprise, la graphie traditionnelle nénuphar s’impose haut la main avec 91 % des suffrages, la nouvelle orthographe nénufar (étymologiquement correcte, car issue du persan nilufar) n’obtenant que 9 %. L’écart est encore plus important pour oignon qui bat ognon à plate couture, 95 % contre 5 %, alors que le « i » diacritique, désormais inutile, a disparu dans bon nombre de mots tels monta(i)gne ou campa(i)gne. La graphie soûl, pourtant conforme à la prononciation, ne séduit que 9 % d’entre vous tandis que saoul obtient 91 % des voix. Le shampooing, avec ses deux « o », l’emporte face au shampoing, avec un seul « o » (53 % contre 47 %), alors même que l’on prononce cette seconde syllabe comme « poing », sans faire entendre le son [ou]. Enfin, si vous devez écrire en toutes lettres l’abréviation « etc. », vous optez pour la version latine et caetera (77 %) plutôt que pour la version simplifiée (et conforme à la prononciation) et cetera. 3- Parfois, vous préférez la graphie la plus simple Pourtant, dans certains cas, la graphie la plus « simple » est préférée. Prenons le nom canette, par exemple, qui désigne la petite boîte métallique contenant une boisson. La version avec un seul « n » l’emporte avec 76 %, la cannette n’obtenant que 24 %. Pourtant, avec un « n », la canette est aussi la petite cane (la femelle du canard). « Mais pourquoi tant de n ? », semblez-vous dire. Pour désigner la substance provenant des pépins du raisin et qui donne au vin sa matière, vous préférez écrire tanin (90 %) plutôt que tannin (10 %). On aurait pu penser que le tzar et son « z » élégant vous séduisît davantage que le tsar, avec son simple « s ». Eh bien, c’est tout l’inverse : tsar obtient 87 % des suffrages et tzar 13 % ! Quant à la cacahuète, elle semble meilleure sans « o » pour 84 % d’entre vous, même si vous êtes 16 % à préférer la cacahouète, graphie conforme à la prononciation. 4- Des choix logiques Que vous préfériez l’orang-outang, bien équilibré avec ses deux « g » (59 %), au bancal orang-outan (41 %) paraît assez « logique ». Vous confirmez que trucage (69 %) est une forme plus courante que truquage (31 %), formé sur le verbe truquer. Vous vous éloignez également du verbe payer en préférant la paie (70 %) à la paye (30 %). Un ou une après-midi ? Vous êtes 72 % à suivre l’avis de l’Académie française en faisant de ce nom composé un nom masculin, un après-midi, conformément au genre de « midi ». De même, si le nom feignant l’emporte avec 74 % des suffrages (contre 26 % pour faignant), c’est sans doute parce qu’il est le plus proche du verbe feindre et que le participe présent « (en) feignant » s’écrit bien avec un « e ». Pourquoi yaourt ratatine-t-il yog(h)ourt, à 92 % contre 8 % ? La seconde variante est surtout employée en Suisse, en Belgique et au Canada ! Ce résultat montre, au passage, que notre communauté habite principalement l’Hexagone. 5- Des combats serrés « Au temps pour moi » ou « autant pour moi » ? L’une des questions les plus controversées de la langue française aurait-elle trouvé sa réponse ? Eh bien oui, et ce n’est pas forcément ce à quoi l’on s’attendait. Au terme d’un combat serré, autant pour moi l’emporte avec une très courte avance : 50,2 % contre 49,8 % pour au temps pour moi, dont l’origine, et donc la graphie, ne semble plus comprise. La forme « autant pour moi », qui s’impose dans l’usage, mérite-t-elle de gagner son titre de variante ? Enfin, la locution par contre (38 %), pourtant correcte grammaticalement, peine à concurrencer en revanche (62 %), jugée d’un meilleur style. 6- Un sujet encore épineux L’un des sondages ayant récolté les plus vives réactions est sans conteste celui portant sur la forme féminine de « auteur ». Auteure l’a emporté avec 61 % des voix, contre 39 % pour autrice, forme pourtant la plus ancienne et la mieux formée (sur le modèle de actrice, créatrice, réalisatrice…). L’autre donnée marquante, c’est que nombre de répondants ont indiqué qu’ils souhaitaient conserver la forme masculine auteur. Or, le sondage portait bien sur le féminin. Pour apaiser les esprits, rappelons que l’Académie française laisse le choix entre ces différentes formes. À lire également : vous avez le choix ! Ces mots à deux orthographes Sandrine Campese Publié par Sandrine