Explorer la langue française
Article

Chrysanthème, macchabée, « il nous a quittés »... Les mots et expressions liés à la mort

Halloween, la Toussaint, le jour des Morts... La fin du mois d’octobre et le début du mois de novembre sont marqués par des célébrations funèbres. L’occasion de nous questionner sur l’orthographe et le sens des mots et expressions liés à la mort. Savez-vous vraiment écrire les noms chrysanthème et macchabée, accorder correctement le participe passé dans la phrase « Il nous a quittés » ? N’ayez crainte, voici de quoi éclairer votre lanterne.
Par Sandrine

ORTHOGRAPHE

Chrysanthème

Le nom de cette fleur automnale, utilisée pour orner les tombes à la Toussaint, a pour racine les mots grecs khrusos, « or », et anthemon, « fleur ». Avec son « y » et son « h », elle est de genre masculin. On dit et on écrit « un chrysanthème ».

Macchabée

Voilà un autre mot à l’orthographe difficile : deux « c », un « h » et une terminaison en -ée, rien que

cela ! Le nom macchabée, qui signifie « cadavre » dans la langue familière, vient de Macchabée, appellation d’un peuple biblique. Il est question, notamment, des Sept Macchabées ou encore de la Révolte des Macchabées. Le mot est de même origine que « macabre ».

N.B. Le nom macchabée fait partie de ces noms masculins terminés par -ée, comme caducée, colisée, lycée, mausolée, musée, périnée, pygmée, trophée

Succomber

Littéralement, succomber signifie « s’affaisser sous », autrement dit « cesser de résister », à la mort, bien sûr, mais aussi au sommeil, à la tentation… Pourquoi s’écrit-il avec deux « c » ? Parce qu’il vient du verbe latin succumbo, lui-même composé du préfixe sub- (sous) et de cubo (être allongé). Le « b » final de sub s’est transformé en « c » devant le premier c- de la racine cubo.

Trépas

Ce nom, d’emploi vieilli ou littéraire, désigne la mort d’une personne. À noter que le « s » ne se prononce pas, contrairement à celui que l’on trouve à la fin de l’adverbe hélas. On le retrouve dans l’expression « passer de vie à trépas ». Il a donné le verbe trépasser, « mourir, décéder ». Enfin, les « trépassés » désignent les morts, terme en usage dans le toponyme « la baie des Trépassés », située dans le Finistère, là où « finit la terre »…

GRAMMAIRE

Elle s’est fait tuer

Le participe passé de faire suivi d’un verbe à l’infinitif est toujours invariable. Même si le sujet est féminin, on ne l’accorde pas ! On écrira donc (pour rester dans le thème) « elle s’est fait tuer », et non « faite tuer ».

Elle s’est laissé(e) mourir

Traditionnellement, on accorde le participe passé « laissé » avec son sujet, bien qu’il soit suivi d’un infinitif. Mais, depuis les rectifications orthographiques de 1990, il est désormais possible de laisser « laissé » invariable lorsqu’il est suivi d’un infinitif, sur le modèle de « fait », ci-dessus.

Il nous a quittés

Cette formule, qu’on lit systématiquement dans les médias lors du décès de tel acteur ou de tel chanteur, est, la plupart du temps, mal orthographiée. Ici, le pronom personnel « nous » est complément d’objet direct du verbe quitter. On peut poser la question : il a quitté qui ? « nous ». Comme « nous » désigne une pluralité d’individus, hommes et femmes, il est masculin pluriel. D’où l’accord du participe passé au masculin pluriel : « quittés ». Bien sûr, si ce « nous » n’avait représenté que des femmes, on aurait écrit « quittées ».

ÉTYMOLOGIE

Cimetière

Parce que leurs sonorités sont proches et que leurs sens sont liés, on pourrait croire que « cimetière » et « terre » sont de la même famille. Mais il n’en est rien. Le nom « cimetière » vient du latin coemeterium, lui-même issu du grec koimêtêrion, qui signifie « dortoir », et, par extension, « lieu où reposent les morts ». Quant au « cimeterre », c’est un sabre oriental à lame large et recourbée !

Guillotine

C’est bien Joseph Ignace Guillotin, médecin et homme politique français, qui a donné son nom à ce mode d’exécution capitale. Pourtant, l’appareil a été mis au point par un autre médecin, Antoine Louis. C’est la raison pour laquelle la guillotine a d’abord été surnommée « Louison » ou « Louisette ».

PARONYMES

Agonir et agoniser

On distingue agoniser, verbe du 1er groupe, qui signifie « être sur le point de mourir » et agonir (de), verbe du 2e groupe, qui se conjugue comme « finir » et signifie « accabler (de) ». On ne dira pas : il l’a agonisé d’injures, mais il l’a agoni d’injures !

Calciner et carboniser

Un corps calciné, est-ce la même chose qu’un corps carbonisé ? Pas exactement, si l’on se fie à l’étymologie. « Calciner », c’est transformer en chaux (calx, calcis en latin), de son nom savant « oxyde de calcium », minéral de couleur blanche. « Carboniser » revient à transformer en charbon, roche de couleur noire.

EXPRESSIONS

Mettre à jour et mettre au jour

Met-on à jour ou au jour une tombe, une sépulture ? « Mettre à jour » signifie « actualiser ». Par conséquent, si l’on découvre un squelette ou des ossements, on les met « au jour » (sous-entendu, à la lumière du jour, à la vue de tous), pas « à jour » !

Ci-gît…

« Gît » a pour infinitif « gésir », verbe qui a la particularité de se conjuguer uniquement à l’indicatif présent, à l’indicatif imparfait et au participe présent. Cette mention, que l’on trouvait jadis inscrite sur les tombes, est une épitaphe. Elle a été peu à peu remplacée par une version plus « moderne » : ici repose

SIGLES & ACRONYMES

RIP

Ces trois lettres, placées devant le nom d’une personne décédée, et qui circulent sur les réseaux sociaux, sont un sigle signifiant Requiescat in pace en latin ou Rest in peace en anglais, autrement dit « repose(z) en paix ».

Delta Charlie Delta

Ces trois mots signifient, en alphabet phonétique, qu’une personne est DCD (décédée). Ce langage codé permettait aux policiers d’échanger des informations sur des fréquences radio potentiellement piratées. Aujourd’hui, avec le réseau Acropol, les communications sont sécurisées, mais l’appellation est restée.

Lisez aussi sur ce blog :

Sandrine Campese

Publié par Sandrine
Vous êtes perdu ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas affichée.
Les champs obligatoires sont marqués d’un « * ».


  • Avatar
    Jordan
    14 août 2024 à 00 h 19 min
    Bonjour, Je voudrais savoir laquelle de ces phrases est correcte je vous prie : A- ce sont eux qui nous ont paupérisé B- ce sont eux qui nous ont paupérisés
  • Avatar
    Sandrine Campese
    15 août 2024 à 19 h 10 min
    Bonsoir Jordan, on écrit "Ce sont eux qui nous ont paupérisés." Voir notre règle : https://www.projet-voltaire.fr/regles-orthographe/les-pommes-que-j-ai-mange-les-pommes-que-j-ai-mangees/. Bonne soirée
  • Avatar
    Jacques
    16 novembre 2022 à 08 h 34 min
    J'ai lu cette phrase dans une annonce de décès: "la mort ne nous en pas laissé le temps". Elle ne m'a pas l'air correcte. Laissé ici ne devrait-il pas s'écrire au singulier, sans "s"? J'aimerais savoir ce que vous en pensez. Merci d'éclairer ma lanterne. Jacques
  • Avatar
    Sandrine Campese
    16 novembre 2022 à 12 h 07 min
    Bonjour Jacques, on écrit bien "La mort ne nous en n'a pas laissé le temps." Le COD "temps" est placé après le verbe. Quant au pronom "nous", il est ici COI. Voilà pourquoi on n'accorde pas le participe passé "laissé". Bonne journée.
  • Avatar
    Lyra30
    25 juin 2021 à 09 h 56 min
    TREPASSÉ , c’est aussi faire les trois pas, expression reprise dans la tradition maçonnique et signifiant le passage à travers les trois mondes , après la mort symbolique .
  • Avatar
    Sandrine Campese
    28 juin 2021 à 13 h 22 min
    Bonjour Lyra30, merci de cet ajout. Bonne journée.

Retrouvez le Projet Voltaire dans votre poche !

"Application utile et instructive.

Sa plus grande qualité c'est son accessibilité à toutes les personnes de tous niveaux en français. Les services proposés allient parfaitement bien le rapport qualité prix. J'apprécie cette application parce qu'obtenir son certificat Voltaire est un bonus essentiel à mettre sur son CV où tout simplement pour avoir le plaisir de parler et d'écrire le français correctement."

Harinavalona R
⭐⭐⭐⭐⭐