1 – Chipoter En Belgique, « chipoter » a d’autres significations qu’en France. Il signifie « farfouiller » (chipoter dans un tiroir), « passer son temps à de vagues occupations » (chipoter autour de sa moto, à sa moto) et également « manier sans soin » (Arrête de chipoter tes cheveux !). En France, dans ce sens, on emploie tripoter, triturer, trafiquer, traficoter… 2 – Cloche Si un Belge vous dit qu’il a des « cloches » au pied, ne cherchez pas des cloches de Pâques ! Cela signifie qu’il a des ampoules. Tiens, un autre mot polysémique (qui a plusieurs sens) ! Faut-il y voir une analogie avec la forme d’une cloche ? Y a-t-il un lien avec l’expression « à cloche-pied » ? Une déformation du nom cloque semble plus probable. En effet, en ch’timi, les sons [che] et [que] sont souvent confondus. Souvenez-vous de Kad Merad, ne comprenant rien (enfin, « rin » !) au récit de Dany Boon dans Bienvenue chez les Ch’tis… 3 – Dîner En Belgique, à 13 h, on ne déjeune pas, on dîne ! C’est aussi le cas au Canada, en Suisse, au Congo, au Burundi, au Rwanda… et anciennement en France, avant que n’apparaisse la tradition du petit-déjeuner. Et le soir, que fait-on alors ? On soupe ! Récapitulons : chez les Belges, on déjeune, on dîne, on soupe ; en France, on petit-déjeune, on déjeune, on dîne. Les verbes dîner et déjeuner sont proches et pour cause, ils ont la même étymologie : le latin disjunare, « rompre le jeûne ». 4 – Faire une baise Un(e) Belge veut vous « faire une baise » ou vous « donner une baise » ? Rassurez-vous (ou pas), ce n’est pas une proposition indécente ! Ici, une baise est un petit bisou affectueux, une bise, à une lettre près ! Ainsi, « faire une baise », c’est faire la bise. D’ailleurs, en ancien français, baiser signifiait « embrasser », il en est ainsi dans ce vers de Louise Labé, datant du XVIe siècle : « Baise m’encor, rebaise-moi et baise ». À noter que les Ch’tis, eux, disent « baisse », de même sens. Dans le même esprit, l’expression « tirer son plan » n’a aucun rapport avec « tirer son coup » ou « avoir un plan (Q) » ! En Belgique, mais aussi dans le nord de la France, en République démocratique du Congo et au Rwanda, « tirer son plan » signifie « se débrouiller, se tirer d’affaire ». 5 – Frotteur En Belgique, le frotteur n’est pas un agresseur sexuel qui sévit dans les transports en commun, mais un instrument (généralement une petite brosse) servant à essuyer un tableau noir, ou plutôt « vert », selon le terme en usage. 6 – G Ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas du célèbre point érogène féminin, mais de l’abréviation de GSM, pour « Global System for Mobile Communications ». Initialement, le GSM est une norme numérique de téléphonie mobile, en Belgique, il désigne le téléphone portable. À l’inverse, quand on parle de « portable » à Bruxelles, on évoque plutôt un ordinateur. En Suisse, un téléphone portable est un natel. Le mot a fait son entrée dans Le Petit Robert 2021. 7 – Pistolet Si, dans une boulangerie belge, vous entendez parler de « pistolet », pas de panique, vous n’êtes pas (forcément) en plein braquage ! Dans le plat pays, un pistolet est un petit pain au lait qui a une forme oblongue (allongée), comme celle d’un pistolet ! Dans le même ordre d’idée, un sandwich contenant de la viande et des frites est une… mitraillette. Une « guerre » verbale bien plus redoutable que celle qui sévit dans l’Hexagone entre le pain au chocolat et la chocolatine ! 8 – S’il vous plaît En Belgique, mais aussi au Luxembourg et dans le nord de la France, il n’est pas rare d’entendre « s’il vous plaît », non pour introduire ou ponctuer poliment une requête, mais pour dire « voici, voilà » (en présentant quelque chose, un plat au restaurant, par exemple) ou encore pour faire répéter (il équivaut à « pardon », « plaît-il »). Plus troublant encore pour les Français, « s’il vous plaît » s’emploie aussi au sens de « merci ». Un commerçant belge peut dire « s’il vous plaît » en vous rendant la monnaie, par exemple. 9 – Savoir En Belgique, on utilise fréquemment « savoir » dans le sens de « pouvoir, être capable », ce qui peut entraîner une certaine incompréhension outre-Quiévrain*. Par exemple, si un Belge vous dit qu’il ne « sait pas » marcher, ce n’est pas qu’il n’a pas appris quand il était bébé, bien sûr, cela veut dire qu’il ne peut pas. De même, si un Belge vous dit qu’il ne « sait pas » lire (inutile de le renvoyer à l’école), qu’il ne « sait pas » venir chez vous (inutile de lui adresser un plan)… En Belgique, cette expression désigne la France. 10 – Torchon Si, en France, le torchon sert à essuyer les mains ou la vaisselle, il a, en Belgique, un tout autre usage : celui de nettoyer le sol ! En effet, le nom torchon désigne une serpillière. Cette acception est également en vigueur au Luxembourg. À noter que dans le nord de la France, la serpillière est une wassingue (on prononce « ouassingue »). À lire également : Biloute, braire, dracher… Parlez-vous « ch’timi » ? Partez à la découvert des libanismes. Sandrine Campese Publié par Sandrine