1- L’apéritif permet d’éliminer Le nom apéritif dérive du verbe latin aperire (un seul « p ») qui a donné « ouvrir ». L’appétit ? Non, les voies d’élimination ! À l’origine, les apéritifs étaient des médicaments permettant d’éliminer par la sueur (sudorifiques), par l’urine (diurétiques) et par les selles (purgatifs). Ce n’est qu’au XIXe siècle que l’apéritif se met à désigner une boisson alcoolisée prise avant le repas. À présent, vous ne regarderez plus votre verre de pastis de la même manière, n’est-ce pas ? 2- Assaisonner veut dire « cuire à point » La première acception de ce mot, qui est visible dans son étymologie (a-saison-ner), est « cultiver en saison propre », « mûrir à temps ». Comment a-t-on pu arriver au sens de « mettre des condiments dans un mets » ? Le glissement sémantique s’est opéré dès le XIIIe siècle, où l’on parlait d’une « viande assaisonnée », c’est-à-dire « cuite à point, ni trop, ni trop peu ». Une fois installé dans le vocabulaire culinaire, le verbe a gagné en précision : de « cuire à point », on est passé à « mettre à point pour le goût à l’aide de certains ingrédients », qui est l’acception actuelle. 3- Le couvert désigne le toit L’expression « offrir le gîte et le couvert » est aujourd’hui mal comprise. On croit qu’il s’agit d’offrir un endroit où passer la nuit (le gîte) et de la nourriture (le couvert). Or, ici, le couvert ne désigne pas les ustensiles servant à manger, mais le toit « couvrant » une habitation. Ce procédé, qui consiste à nommer le tout (l’habitation) par la partie (son toit), est une synecdoque. Problème : offrir un gîte et un toit, cela revient au même ! On devrait plutôt offrir « le vivre et le couvert », où « vivre » a le sens de nourriture, et « couvert » celui de toit. Cette variante est-elle mieux comprise ? Rien n’est moins sûr… 4- Le gourmet s’y connaît en vin À l’origine, le gourmet était un valet chargé de « conduire » les vins puis, par extension, un amateur de bons vins. Le nom, qui s’écrivait alors groumet, est devenu « gourmet » par métathèse (ici, déplacement de la lettre « r »). C’est au XVIIIe siècle, sous l’influence de « gourmand », que le nom est sorti du domaine œnologique à propos d’une personne appréciant la bonne chère. Notez que l’anglais groom provient de la même racine. 5- Ripaille est le nom d’un château La locution « faire ripaille » tirerait son origine du château de Ripaille où Amédée VIII, duc de Savoie, se retira en 1431 sur les bords du lac Léman, à Genève, pour y vivre en ermite. Dans les faits, il ne cessa pas d’entretenir, en compagnie de quelques seigneurs, une table somptueusement servie. De là est venue la locution « faire ripaille », pour dire « faire bonne chère ». Cette étymologie, un tantinet fantaisiste, est néanmoins défendue par Pierre Larousse. Sources Petit Dictionnaire des étymologies curieuses de Pierre Larousse, 1860, Éditions Manucius, 2005 Pathologie verbale d’Émile Littré, 1880, Éditions Manucius, 2004 Lisez aussi sur ce blog : Ris de veau, souris d’agneau… Quels mets se cachent derrière ces mots ? Félix Kir, ou l’histoire d’une boisson. Sandrine Campese Publié par Sandrine