L’allitération L’allitération est la répétition d’une ou plusieurs consonnes dans une suite de mots. La plus célèbre allitération nous vient du théâtre : « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? » s’interroge Oreste dans Andromaque de Racine (Acte V, scène V). Ici, le choix d’une allitération en « s » n’est pas le fruit du hasard. Le redoublement de consonnes sifflantes vise clairement à reproduire le son du serpent. Plus rarement, il arrive que les mots d’une proposition ou d’une phrase commencent tous par la même consonne. Cette allitération parfaite se nomme « tautogramme ». C’est le cas de l’adage latin Veni, vidi, vici qui est aussi une gradation. Enfin, lorsque ce ne sont pas des consonnes, mais une ou plusieurs voyelles (on parle de « sons vocaliques ») qui sont répétées dans une même phrase, il s’agit d’une assonance. En poésie, l’assonance se retrouve dans les vers de Paul Verlaine « Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville, quelle est cette langueur qui pénètre mon cœur ? » (Romances sans paroles, 1874). La dérivation La dérivation consiste à employer, dans un même énoncé, des mots formés sur la même racine. Ici encore, le théâtre nous en fournit un bel exemple : « Ton bras est invaincu, mais non pas invincible » (Pierre Corneille, Le Cid). De manière plus prosaïque, on peut citer le titre d’une célèbre sitcom des années quatre-vingt-dix, La Philo selon Philippe. « Philo », apocope de « philosophie », et le prénom Philippe sont issus de la même racine grecque phileo qui veut dire « aimer ». Étymologiquement, la philosophie est l’amour de la sagesse (sophia) et Philippe, comme son nom l’indique, aime le cheval (hippos) ! D’autres dérivations se rencontrent dans des titres de films comme Accords et Désaccords et Séquences et Conséquences. Le polyptote Le polyptote consiste à répéter le même mot sous des formes grammaticales différentes. Les polyptotes les plus fréquents font varier un même verbe en voix, en mode, en temps ou en personne. Le proverbe « tel est pris qui croyait prendre » (Jean de La Fontaine, Le Rat et l’Huître, 1678) en est une illustration. Il existe une autre figure de style, appelée « antanaclase », qui utilise deux fois le même mot dans une phrase en lui donnant deux sens différents. Elle s’appuie donc sur la polysémie (plusieurs sens) des mots. L’antanaclase la plus connue est sans nul doute celle de Blaise Pascal : « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » (Pensées, 1670), où « raison » désigne tour à tour le motif de quelque chose et la faculté de juger. Sandrine Campese Crédit Photo : Andy Warhol À lire également : Antithèse, oxymore, paradoxe : 3 figures d’opposition Antiphrase, euphémisme, litote : 3 figures d’atténuation Publié par Sandrine