Sommaire Qu’est-ce qu’un participe passé ? Participe passé, participe présent Pour commencer, (re)précisons quelques notions. Un participe est un mode impersonnel, ce qui signifie que le verbe n’est pas conjugué à différentes personnes. Il existe deux participes : participe présent et participe passé. Nous passerons ici rapidement sur le premier, qui se forme avec le suffixe « -ant » et qualifie un nom ou un pronom. Le participe passé, lui, est le plus souvent accompagné de l’auxiliaire « être » ou « avoir ». Il exprime généralement une action effectuée dans le passé. Il permet de former les temps composés, mais aussi les verbes conjugués à la voix passive (lorsque le sujet subit l’action). Voici quelques exemples : Il a participé à la fête (voix active). Je suis arrivé en avance (voix active). Il aurait contrarié son chef s’il n’avait fini de traiter ce dossier (voix active). Elle avait été emmenée par ses ravisseurs (voix passive). Les modes et les temps pour lesquels on utilise le participe passé Le participe passé est utilisé pour former plusieurs temps composés des modes indicatif, conditionnel, subjonctif, impératif, infinitif, gérondif et participe. Voici le détail. Indicatif Passé composé : j’ai participé / il a fini Plus-que-parfait : j’avais participé / il avait fini Passé antérieur : j’eus participé / il eut fini Futur antérieur : j’aurai participé / il aura fini Conditionnel Passé : j’aurais participé / il aurait fini Subjonctif Passé : que j’aie participé / qu’il ait fini Plus-que-parfait : que j’eusse participé / qu’il eût fini Impératif Passé : aie participé (deuxième personne du singulier, la première n’étant pas possible) / aie fini Infinitif Passé : avoir participé / avoir fini Gérondif Passé : en ayant participé / en ayant fini Participe Forme passée composée : ayant participé / ayant fini Le participe passé a des équivalents dans d’autres langues. En anglais, il permet par exemple de former le present perfect : « I have done my homework. » Former la terminaison du participe passé Le participe présent est plutôt simple à former, attendu qu’il se termine toujours par « -ant », comme vu plus haut. Il n’en va pas de même pour le participe passé ! Selon le verbe, la terminaison qu’on accole au radical est différente. Pour les verbes du premier groupe (en “-er”), la terminaison est « é » : mangé, observé, etc. Pour les verbes du deuxième groupe (en « -ir »), la terminaison est « i » : fini, alourdi, etc. Pour les verbes du troisième groupe, la terminaison est variable : « i » (cueilli, sorti…), « u » (voulu, vécu…), « s » (pris, entrepris…), « t » (peint, dépeint…). De surcroît, étant donné qu’il s’accorde, le participe passé possède une forme masculine et une forme féminine (fatigué, fatiguée, terni, ternie…) au singulier et au pluriel (fatigués, fatiguées, ternis, ternies…). Et sans auxiliaire ? Notez par ailleurs que le participe passé sans auxiliaire est considéré comme un adjectif. Il s’accorde alors en genre et en nombre avec le nom ou le pronom auquel il se rapporte. Exemples : les couverts laissés sur l’évier ; la directive envoyée par le chef de service ; Tout juste arrivés, ils furent reçus par la présidente. Le participe passé peut également avoir une valeur de préposition. Il est dans ce cas invariable et, donc, ne s’accorde pas en genre et en nombre. Exemples : vu les circonstances ; excepté la dernière concurrente. Dès lors que l’auxiliaire « être » ou « avoir » est présent, il est nécessaire de s’interroger sur l’accord du participe passé. Celui-ci ne s’effectue pas de la même manière selon la situation. Lisez également : 5 minutes pour réviser le participe passé. L’accord du participe passé avec l’auxiliaire « être » « Elle est fatiguée », « Les travaux sont finis », « Ils sont intervenus »… L’accord avec l’auxiliaire « être » constitue le cas le plus simple : le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le sujet de la phrase. Exemples : Luc et Samuel sont partis avant les autres invités. Ces examens sont terminés, les copies sont rendues. Bruno Dewaele, champion du monde d’orthographe et expert du Projet Voltaire, rappelle cette règle en des termes très simples : Alors, « elles sont venu » ou « elles sont venues » ? Pour ne pas vous tromper, repérez l’auxiliaire – ici, « être » (= « sont ») – et posez-vous la question : « Qui est venu ? » La réponse étant « elles », le participe passé prend la marque du féminin ainsi que celle du pluriel : « Elles sont venues. » Cela reprend en partie la fameuse règle Wilmet, développée plus bas. Attention : l’accord n’est pas systématique dans le cas des verbes pronominaux (voir plus bas également). L’accord du participe passé avec l’auxiliaire « avoir » Découvrons maintenant un cas un peu plus complexe : l’accord du participe passé avec l’auxiliaire « avoir ». Le participe passé ne s’accorde pas avec le sujet, mais avec le complément d’objet direct (COD), uniquement si celui-ci est placé avant. Exemples : « Le chat a mangé les souris ! » Le COD « les souris » est placé après le participe passé, on n’accorde pas. « Les souris ? Le chat les a mangées ! » Le COD « les » est placé avant le participe passé, on accorde en genre et nombre (en l’occurrence au féminin pluriel). Là encore, Bruno Dewaele donne des précisions : Le principe est simple : si l’on sait, au moment d’écrire le participe, de quoi il est question, on en tient compte pour l’accord. Sinon, le participe reste invariable. L’astuce pour découvrir le COD consiste à poser la question « qui ? » ou « quoi ? ». Le chat a mangé… quoi ? Les souris. Attention : si le participe passé s’accorde avec le COD dans la situation évoquée ci-dessus, il convient de ne pas l’accorder pour autant avec un complément d’objet indirect (COI). Celui-ci se repère en posant la question « à qui ? » ou « à quoi ? ». Par exemple : « Sandra ? Philippe et son ami lui ont téléphoné. » Il n’y a pas d’accord, car « lui » est un COI. Pour en savoir plus sur le COD et le COI, lisez cet article de Sandrine Campese, experte au Projet Voltaire. Enfin, prenons garde à ce fameux COD ! Bruno Dewaele rappelle que dans certains cas, l’accord n’a pas lieu d’être. Il prend l’exemple suivant : « les villes que j’ai eu à visiter ». « Les villes » est ici un COD de l’infinitif « visiter » et non pas du participe passé du verbe « avoir ». Il ne faut donc pas accorder. Autre exemple : « Je lui ai donné tous les conseils que j’ai pu. » « Les conseils » n’est pas ici le COD qui se rapporte au participe passé du verbe « pouvoir ». Il ne faut donc pas non plus accorder dans ce cas. L’accord du participe passé avec les verbes pronominaux Rappelons-le : un verbe pronominal est précédé d’un pronom réfléchi (me, te, se, nous, vous) et se conjugue obligatoirement avec l’auxiliaire « être ». Ainsi « se cacher », « s’embrasser », « s’expatrier », « se finir », « s’alourdir »… sont des verbes pronominaux. Verbes essentiellement pronominaux et voix passive : accord avec le sujet Avant d’aller plus loin, il est nécessaire d’effectuer une distinction entre les verbes essentiellement pronominaux et les verbes accidentellement pronominaux. Les premiers n’existent qu’à la forme pronominale : s’évanouir, s’enfuir, se méfier… On inclut dans cette liste les verbes pronominaux dits « autonomes » : ceux qui peuvent exister sans pronom réfléchi, mais dont le sens change totalement à la forme pronominale (s’apercevoir, se recueillir, s’étonner…). Le pronom réfléchi de ces verbes n’est pas analysable : il ne s’agit pas d’un COD ou d’un COI. Ces verbes s’accordent en genre et en nombre avec le sujet. Elles se sont évanouies. Ils se sont enfuis. Bruno Dewaele rappelle que les exceptions à cette règle sont très rares. Notons par ailleurs que la même règle (l’accord avec le sujet) s’applique pour les verbes à la voix passive. On écrira : « Tous ses biens se sont vendus en un temps record. » Là encore, en effet, le pronom réfléchi ne peut être un COD. Verbes accidentellement pronominaux : accord avec le COD Les verbes accidentellement pronominaux, comme leur nom l’indique, le sont occasionnellement : ils peuvent avoir un pronom réfléchi ou pas et, si c’est le cas, cela ne modifie pas leur sens en profondeur. « Se soumettre », « se désigner », « se battre »… sont des verbes accidentellement pronominaux. Leur pronom est analysable : il peut s’agir d’un COD ou d’un COI. S’il s’agit d’un COD, c’est avec lui que l’on fera l’accord. Notez-le : l’action peut être réciproque ou exercée sur soi-même. « La juge s’est dessaisie de l’affaire » : action exercée sur elle-même. « Ils se sont embrassés » : action réciproque. Dans les deux cas, le pronom réfléchi est ici un COD, avec lequel on accorde donc le participe passé. Attention au cas où le complément d’objet est indirect : se parler, se permettre, se téléphoner… « On parle à quelqu’un, on permet quelque chose à quelqu’un », rappelle Bruno Dewaele. Ainsi, on écrira « ils se sont parlé » et « elles se sont permis ». Pour la même raison, on écrit « les rois se sont succédé » et non « les rois se sont succédés ». On succède à quelqu’un, il s’agit donc d’un COI. Attention par ailleurs au cas où le verbe aurait également un COD ! Ainsi, dans la phrase « ils se sont lavé les mains », « les mains » est le COD. Dans ce cas, il est placé après le participe passé, que l’on n’accorde pas. Enfin, souvenons-nous que le participe passé de certains verbes pronominaux reste invariable. C’est le cas de « se plaire », « se complaire », « se déplaire » et « se rire ». Lisez également : 5 règles à réviser autour du participe passé. L’accord du participe passé suivi d’un infinitif Voici une autre situation un peu complexe. Quand le participe passé est suivi d’un infinitif, il s’accorde avec le COD placé avant lui, mais uniquement si ce COD fait l’action exprimée par l’infinitif. En revanche, le participe passé reste invariable si le COD subit l’action qu’exprime l’infinitif. Voyons quelques exemples. « Il s’agit de la décision que j’ai entendu prendre. » Dans ce cas, le COD ne fait pas l’action : la décision « ne prend » pas, elle est prise. On écrira donc « entendu » et pas « entendue ». « Il s’agit des joueurs que j’ai vus gagner récemment. » Dans ce cas, le COD fait l’action : ce sont bien les joueurs qui ont gagné. On écrit donc « vus ». L’accord du participe passé avec « en » En voilà une nouvelle règle un peu subtile ! Que faire lorsque le mot « en » est présent dans la phrase en même temps qu’un participe passé ? Une fois de plus, Bruno Dewaele nous donne la solution. Si « en » est un pronom neutre singulier et désigne une partie au sein d’une quantité, c’est un COD. Le participe passé qui s’accorde avec lui reste au masculin singulier. Ainsi, on écrit : « Des livres de cet auteur, j’en ai lu plusieurs » et « Des erreurs, j’en ai malheureusement commis beaucoup ». Mais si ce « en » peut être retiré de la phrase, alors cela signifie qu’il n’est pas un COD et donc que le participe passé s’accorde avec un autre élément de la phrase. Bruno Dewaele donne l’exemple suivant : « Je n’oublierai pas ce professeur ni les enseignements que j’en ai reçus ». Dans ce cas, « reçus » s’accorde avec « les enseignements ». L’accord du participe passé avec le verbe « faire » Enfin, souvenons-nous que le participe passé de « faire » est toujours invariable quand il est suivi d’un infinitif, et ce, même si le COD est placé avant. Exemple : « Les bouteilles ? Cet empoté les a fait tomber dans l’escalier ! » Cela reprend la règle énoncée plus haut du participe passé et de l’infinitif. La méthode Wilmet et ses limites Et s’il existait une solution miracle permettant d’accorder correctement le participe passé sans se soucier de l’auxiliaire ou du COD ? C’est ce que prétend faire la méthode Wilmet. Pour l’appliquer, c’est simple, il suffit de se poser deux questions : « Qu’est-ce qui est … ? » avec le participe passé. « Est-ce que cela est déjà écrit ? » au moment où on arrive au participe passé. Prenons un exemple : « J’ai mangé une pomme ce matin. » « Mangé » est le participe passé. On doit donc se poser la question : « Qu’est-ce qui est mangé ? » Réponse : une pomme. Est-ce écrit avant le participe passé ? Non. Dans ce cas, on n’accorde pas. La vidéo ci-dessous (de la chaîne Charivari à l’école) donne des précisions. Autre exemple : « Cette pauvre jeune fille est tombée de son vélo ce matin. » Même démarche, on questionne ce qui (ou qui) est tombé : il s’agit de la jeune fille. Est-ce que « la jeune fille » arrive avant le participe passé ? Oui. Donc, on accorde. Attention cependant, car cette méthode ne fonctionne pas toujours. Examinez la phrase suivante : « Prise au dépourvu, elle réagit trop tard. » Si l’on suit la méthode Wilmet à la lettre, on n’accorde pas… et pourtant, dans ce cas, il faut le faire. Si l’on reprend la règle du participe passé suivi d’un infinitif, expliquée plus haut, il faut également prendre garde à ne pas se tromper. Ainsi : « Il s’agit de la décision que j’ai entendu prendre »… On pourrait croire que « entendu » se rapporte à « la décision » et donc qu’il faut accorder. Or ce n’est pas le cas. Révisez également avec le Projet Voltaire : les conjonctions de coordination ; les conjonctions de subordination. Publié par Aline Laffont