Sommaire Cas n° 1 : les noms de métiers épicènes Ils ont la même forme au masculin et au féminin : architecte, artiste, journaliste, juge, secrétaire, comptable, garde, gendarme, diplomate, maire, ministre, peintre, poète, etc.Seul le déterminant permet de différencier le féminin : une architecte, la maire, cette poète… Certains de ces noms terminés par un « e » muet, comme maire, peintre, poète, faisaient anciennement leur féminin en -esse : mairesse, peintresse, poétesse, lequel était plus marqué. Maître ou maîtresse ? Si « maîtresse » est le féminin traditionnel de « maître » (une maîtresse d’école, une maîtresse de maison…), la forme « maître » semble se maintenir dans le titre des gens de loi (avocat, huissier, notaire…) et dans d’autres noms comme « maître d’œuvre » et « maître d’ouvrage ». Cas n° 2 : les noms de métiers terminés par une consonne Ils font leur féminin par l’ajout d’un « e » final (et, selon les cas, accent grave ou doublement de consonnes) :un artisan > une artisane, un banquier > une banquière, un cheminot > une cheminote, un croupier > une croupière, un expert > une experte, un financier > une financière, un principal > une principale, un maçon > une maçonne, un mécanicien > une mécanicienne Médecin ou médecine ? La forme médecine désignant déjà la discipline médicale, elle n’a pas les faveurs de l’usage, tout comme « camelot » et « marin », qui font camelote et marine. L’Académie préconise de dire « une femme médecin » (comme dans le titre français de la célèbre série des années 1990 Docteur Quinn, femme médecin, où « docteur » reste au masculin…) ou « une femme marin ». Plombière et pompière Dans son rapport, l’Académie passe sous silence ces deux cas. C’est Alain Rey qui nous donne un éclairage : les formes plombière et pompière (et donc sapeuse-pompière) sont tout à fait envisageables, même si elles « ne sonnent pas très bien ». Le lexicographe indique également que plombières est le nom d’une glace (aux fruits confits). Découvrez nos solutions en orthographe et en expression. Cas n° 3 : les noms de métiers en -eur Ils font leur féminin : en -euse, lorsqu’un verbe correspond au nom : un carreleur > une carreleuse (carreler), un contrôleur > une contrôleuse (contrôler), un entraîneur > une entraîneuse (entraîner), un employeur > une employeuse (employer), un démarcheur > une démarcheuse (démarcher), un programmeur > une programmeuse (programmer). C’est aussi le cas des disciplines sportives : un basketteur > une basketteuse, un footballeur > une footballeuse, un volleyeur > une volleyeuse. en -eure, dans les autres cas : un proviseur > une proviseure, etc. Le « e » muet final n’est pas prononcé. Si l’on suit cette logique, « prédécesseur » aurait pour féminin prédécesseure, puisqu’il n’y a pas de verbe « prédécesser » ! Professeur, professeure ou professeuse ? L’Académie indique que le féminin professeure est le plus répandu, sans pour autant exclure la simple féminisation de l’article (la professeur). Alain Rey, quant à lui, laisse le choix entre professeuse (il est vrai que le verbe professer existe), professoresse (sur le modèle de l’italien professoressa) ou professeure, à l’instar des Québécois. Il souligne que le féminin en -eure a « un inconvénient assez grave : il ne se marque qu’à l’écrit. À la prononciation, c’est la même chose. C’est une féminisation partielle et des féministes ont raison de protester : si à l’oral, on ne fait pas la différence, on est revenu à la case départ. » Cas n° 4 : Les noms de métiers en -teur Ils font leur féminin : en -teuse lorsqu’un verbe correspond au nom : un acheteur > une acheteuse (acheter), un rapporteur > une rapporteuse (rapporter), un toiletteur > une toiletteuse (toiletter) ; en -trice en l’absence d’un verbe ou quand le verbe ne comporte pas de « t » dans sa terminaison : un appariteur > une apparitrice, un directeur > une directrice, un rédacteur > une rédactrice. Attention, la distinction qu’opère l’Académie est loin d’être fiable ! Nous employons les formes féminines auditrice, éditrice, inspectrice ou encore sculptrice, alors que les verbes auditer, éditer, inspecter et sculpter comportent un « t » dans leur terminaison… Pssst… Testez votre niveau grâce à notre quiz vocabulaire. C’est grave, docteure ? Jusqu’alors l’usage s’en tenait à la forme masculine (une docteur ou une femme docteur), désormais c’est la forme docteure qui semble s’imposer, supplantant doctoresse. Auteur, auteure ou autrice ? Au féminin, il devient : auteure : forme la plus courante ; autrice : forme moins courante, mais qui connaît un regain de vitalité, notamment dans les milieux universitaires. Elle est la plus satisfaisante du point de vue linguistique (on dit bien une créatrice ou une réalisatrice). À noter que autrice n’est pas un néologisme : il était en usage du XVIe au XIXe siècle ! L’Académie n’écarte pas pour autant la forme masculine auteur, compte tenu du « caractère tout à fait spécifique de la notion, qui enveloppe une grande part d’abstraction (…) comme c’est le cas pour « poète » voire pour « médecin » ». De manière générale, l’institution n’écarte pas, dans certains cas, le maintien de la forme masculine : « Les raisons qui, en certains cas, s’opposent à la féminisation ne peuvent être a priori considérées comme irrecevables », évoquant des écueils « pratiques » et « psychologiques ». Cas n° 5 : les noms de grades dans l’armée Ils peuvent tous être féminisés (leur féminisation est d’ailleurs fixée par un décret) : un adjudant > une adjudante, un caporal > une caporale, un colonel > une colonelle, un général > une générale, un lieutenant > une lieutenante, un préfet > une préfète, un sergent > une sergente, etc. Cheffe, oui cheffe ! Cheffe serait la forme féminine la plus usitée. Exemples : cheffe de chantier, cheffe d’équipe, cheffe de rayon, cheffe de gare, cheffe de rang, cheffe de bureau, cheffe de cabinet, cheffe d’orchestre. Ainsi Marie NDiaye a-t-elle publié en 2018 un roman intitulé La Cheffe, roman d’une cuisinière. L’Académie signale néanmoins d’autres formes comme : (la) chef, chèfe, chève (comme « brève »), cheffesse (ancien), sans omettre cheftaine. En revanche, dans les rangs de l’armée, « chef » reste invariable car il est pris adverbialement (on sous-entend « en chef ») : caporale-chef, sergente-chef, adjudante-chef. Consultez le rapport ci dessous. Sandrine Campese Télécharger Publié par Sandrine